Organisation de stages en vol relatif sur Paris

ORGANISATION ET CONCEPTION DE STAGES EN VOL RELATIF
(rédacteur Polo Grisoni,extrait du rapport remis à la FFP pour l’obtention du Spécifique du BEES 2. Juin 1999)

INTRODUCTION ET HISTORIQUE :
Lorsqu ‘un élève vient d’obtenir le brevet B2, il se trouve « laché dans la nature » avec pour seul bagage une dizaine de sauts environ avec instructeur et quelques notions de sécurité et de déplacements. Autant dire que son niveau technique est trop faible pour pouvoir prétendre rentrer directement dans une équipe ou intégrer un groupe de grande formation.
D’autre part, il est ignoré par les « relativeurs » plus confirmés déjà en groupe constitués, donc il ne reste plus qu’a se retourner vers des gens de son niveau. Idée logique me direz-vous ! En théorie oui. Mais en pratique les sauts sont loin d’avoir -et c’est bien normal- la qualité attendue.

En effet, pour que deux élèves ou plus, sortant du B2 puissent arriver à s’apponter en sécurité puis à se placer correctement tout en gérant leur niveau, il leur faudra de nombreux sauts et un certain laps de temps. Bien sûr, tout ceci en essayant de ne prendre pas trop de défauts de position ( on verra plus loin l’importance que j’accorde aux bases donc à la position ).
La troisième solution est de continuer son perfectionnement en payant un instructeur; solution intéressante mais malheureusement beaucoup trop onéreuse pour la plupart des élèves ( saut du moniteur + saut de l’élève + frais pédagogiques ).

Voir quelques images vidéos de Vol Relatif en compétition

RESULTATS:
Beaucoup d’élèves se retrouvent seuls et se dirigent vers d’autres disciplines…
Vu le malaise, le Centre de Pujaut et moi-même avons décidé, début 1996, de créer une formation de vol relatif en week-end avec pour but de promouvoir le vol relatif et redonner un élan à la discipline avec un suivi régulier ( environ 2 week-end par mois ) avec un petit supplément par saut à la charge de l’élève, le Centre payant ma place avion.
ORGANISATION ET TECHNIQUE :
Le principe est très simple, il faut évaluer chaque « relativeur » afin de constituer des groupes homogènes sur le plan technique et adapter des programmes au niveau de chacun pour leur permettre une meilleure progression.
Définir les objectifs de chaque personne est important: grandes formations, séquences, compétitions, loisir…
L’animateur saute avec tous. Ce qui permet pour les débutants de voir leur position, la corriger en chute, leur servir de référence avec un taux de chute régulier etc…
Les programmes mis en place sont simples et sont dans la continuité de leur stage B2.
L’objectif est d’effectuer une belle approche, un contrôle du niveau, de la proximité, le tout avec une belle position.
Par la suite, je leur demande de reproduire mes gestes « enfoncement des bras » qui crée pour la plupart des variations de taux de chute et bien souvent des marches arrières; je les incites à regarder leurs jambes par dessus leurs épaules pour casser l’aspect « rigide » de la position.
une fois qu’ils savent faire cela, ils sont donc capables d’apponter en sécurité, faire des prises sans prendre de « bouffes », et se placer par rapport à une référence, peuvent regarder derrière, tout en gérant le niveau. Je leur démontre ainsi que les bras ne servent qu’à prendre des prises et en aucun cas à avancer. On ne se déplace qu’avec les jambes.


LES HISTOIRES DE GRAND MOTEUR AVEC LES JAMBES ET DE PETIT MOTEUR AVEC LES BRAS DOIVENT ETRE REVOLUES A JAMAIS.

Il faut apprendre aux élèves à ne pas avoir de position « figée » et « raide », ils doivent être capables de mouvoir leur corps (sans bouger).
Je leur inculque les déplacements avec le bassin, véritable de turbo de la position! Pour les dérapages le temps des  » je tends la jambe gauche et le bras gauche pour déraper à droite » doit aussi être révolu

Il en va de même pour les sorties d’avion, il ne faut pas sortir à plat aussi bien en flotteur qu’en piqueur et faire comprendre dés le début le sens du vent relatif de l’avion.
Je leur parle, dés les premiers sauts, des notions d’anticipation pour les figures suivantes, le blocage des inerties, l’énergie utilisée pour un déplacement et l’énergie utilisée pour le bloquer…

Je suis persuadé que si l’on s’occupe d’un élève en lui donnant dés le début de bonnes bases, la progression est très rapide, ce qui lui évite de prendre des défauts et pour résultat de lui donner de mauvais automatismes.

Pour les plus confirmés, je change régulièrement de programme variant des petites séquences faciles avec parfois des sauts qui nécessitent de grands déplacements… L’intérêt étant que dans l’esprit ludique des sauts ils doivent utiliser les bases définies ci-dessus pour réussir leur travail.
Pour ceux désireux de faire de la séquence, je les incite vers une approche plus sérieuse avec échauffement, étirements le matin et le soir, préparation des sauts debout, sur les planches ( en détaillant bien les figures ), les visuels, les axes; la visualisation mentale au sol et dans l’avion n’est absolument pas occultée.

EN FAIT TOUS LES INGREDIENTS POUR REUSSIR UN BON SAUT.
Je « débriefe » chaque saut et chaque relativeur en essayant de faire comprendre à chacun ce qu’il fait en chute comparé à ce qu’il devait faire au sol et le lui faire comprendre.
La meilleure façon d’apprendre est de comprendre pour retenir les choses.
Je suis personnellement très motivé pour enseigner aux gens qui ont une forte envie d’apprendre. Tous les débriefings s’effectuent dans la salle de pliage pour faire profiter tous ceux qui veulent écouter.

LA SECURITE :
Les appontages, l’ouverture de son champ visuel, les séparations, la hauteur d’ouverture, l’étagement sous voile, regarder sous voile et la direction du sens de posé sont des éléments indispensables à faire intégrer et à rappeler régulièrement. De même, si quelqu’un se trouve sous une formation. Pour cela à chaque débriefing et dans l’avion, je rappelle toujours ces règles de sécurité, n’hésitant pas à rassembler tout le monde au moindre écart.

LE RESULTAT:
Chaque année sur le centre de Pujaut, nous organisons la compétition de vol relatif à 3.
je prépare les sauts pour quatre catégories différentes « Débutants », « Confirmés », « Elites », « Pros ». Ceci toujours dans un but d’adapter au niveau de chacun un programme ou il se fera plaisir.
Chaque année une quarantaine d’équipes sont présentes et dans la catégorie « Pros » les membres et anciens membres des équipes de France à 4 et à 8 ne manquent pas ce rendez vous, apportant leur savoir à chaque équipe.
Le soir il y a retransmission des sauts sur écran géant permettant à chacun de se voir et voir le vol relatif de haut niveau.

CONCLUSION:
Cette formation s’intègre depuis longtemps dans l’activité des Centres.
Nous avons réussi, grâce aux moyens mis en place par les différents Centres, à fidéliser une grande partie des parachutistes locaux, constatant la venue de parachutistes de différentes régions de France ainsi qu’étrangers.
On peut voir aussi de nouvelles équipes de Nationales 2 se constituer.

STATISTIQUES:
Autrefois, en moyenne, les parachutistes effectuaient environ 3 sauts par week-end; Le nombre de sauts a quasiment quadruplé depuis que cette formation existe.
Une dynamique est née et le nombre d’élèves ne cesse d’augmenter. J’ai eu des week-end avec 50 élèves différents. N’hésitant pas à me faire assister par d’autres membres de l’Equipe de France, et grâce à un plieur, je peux effectuer une douzaine de sauts par jour.
Cette démarche liant un sportif de haut niveau avec un Centre permet la rencontre de personnes entre elles, de les motiver à pratiquer le Vol Relatif et surtout à ne pas les isoler après leur B2 dans le but de relever le niveau français.
Il faut rapidement repenser certaines de nos méthodes d’enseignement archaïques et tout mettre en oeuvre pour que de Nouveaux Champions naissent dés aujourd’hui.
Dans la filière de formation actuelle, il existe un fossé entre l’élève qui vient d’obtenir le B2 et les premiers niveaux de compétition.
Pour faciliter le passage à l’échelon supérieur pour un plus grand nombre et susciter de nouveaux talents, la généralisation des animations VR est une voie à développer et à explorer.
C’est uniquement une filière structurée du débutant au plus haut niveau qui permettra réellement de révéler des vocations.
Ainsi seront associés Loisir et Détection de futurs Champions.

Polo Grisoni.

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