Paul Grisoni, parachutiste de niveau international et directeur du centre de Saint-Florentin

Paul Grisoni a l’une des plus longues et des plus prestigieuses carrières dans le parachutisme. Son excellence irradie sur le centre de Saint-Florentin qu’il dirige.

Le « e » qui traîne en longueur à la fin des mots, ce petit reste d’accent, c’est tout ce qui rappelle que Paul Grisoni a bel et bien un ancrage sur la terre ferme, à Marseille où il est né, le 5 février 1964. Sinon, sa patrie, c’est le ciel. Polo Grisoni, 16 fois champion de France, vice-champion du monde et multiple recordman du monde et d’Europe de vol relatif s’est toujours laissé porter par le vent de sa passion. Il l’a mené jusqu’à l’aérodrome de Saint-Florentin où, poussé par le challenge, il développe, depuis 2012, le centre de parachutisme dont il veut faire une référence.

 

C’était un centre qui périclitait. Depuis qu’il en a repris les rênes, plus de 20.000 sauts s’y effectuent à l’année. « J’ai toujours eu le goût du challenge, de la compétition », explique celui qui affiche l’une des plus longues carrières de compétiteur dans ce milieu. Il a commencé par le judo. Mais il y avait autre chose qui germait, depuis l’enfance. Plus précisément, depuis… une publicité, pour Coca Cola !

 

« Une émotion qui ne se décrit pas » 

 

« C’était dans les années 70, j’avais une dizaine d’années. La pub montrait des parachutistes. Une fois atterris, ils ouvraient une bouteille de soda. Ça a été un déclic. » Tout cela ne deviendra concret qu’en 1982, année de son service militaire, qu’il effectue dans les « paras ». « Après cela, je n’ai plus jamais arrêté ! » Très vite, tout s’enchaîne : l’équipe de France, les championnats, les records,  avec des hauts, des bas… Aujourd’hui, Polo Grisoni a 19.800 sauts au compteur. Sa carrière de sportif de haut niveau lui a permis de découvrir les quatre coins de la terre, et du ciel. Avec toujours la même capacité à s’émerveiller. « Le passage de la porte de l’avion, c’est une émotion qui ne se décrit pas. Il faut la vivre… Tu peux rouler à 200 km/h en moto, gravir des montagnes … Il n’y a  rien de comparable à cette sensation ». 

 

S’il ne fallait garder qu’un saut ce serait celui de 2006, en championnat du monde, en Allemagne. Lui et ses amis décident, contre vents et marées, de monter une équipe pour représenter la France. « On n’avait pas de budget. Une équipe qui s’entraîne pour les championnats du monde fait au moins 1.000 sauts d’entrainement par an. Nous, nous en avions fait 100 en deux ans… ». Ils n’osaient rêver de se classer dans les cinq premiers … « La meilleure perf’, furent les Italiens, qui font 18 points. On se lance, on fait 19 ! Sauf que nous traversons un nuage en chute et notre saut ne peut être comptabilisé. Les juges nous laissent le choix : soient ils ne comptent que 18, ce qui était déjà bien, soit on refait le saut pour espérer un nouveau 19. On n’avait rien à perdre. On a ressauté…cette situation s’est renouvelée une deuxième fois. Fait unique en championnat du Monde » « Nous décidons de repartir une troisième fois ». Et là… le score tombe : 21 points, et un titre de Vice-Champion du Monde se profile… « 2.000 personnes regardaient, c’était de la folie ! »…

Fier, Polo Grisoni peut l’être. Mais il « ne roule pas les mécaniques ». Il assure que le pire ennemi du parachutiste, « c’est l’excès de confiance ». Il s’en méfie donc, et mise sur l’expérience, qu’il met au service de l’évolution de son sport. Elle lui a servi à inventer, entre autres, une méthode évolutive de la PAC (progression accompagnée en chute) en miroir en 1997. Une méthode de formation largement utilisée dans les centres de nos jours. « 70 % de ses élèves subissaient complètement leur premier saut à cause du stress », explique-t-il. « Avec cette méthode, le formateur se place devant l’élève et le stress diminue sensiblement. » L’idée est bien entendu que les élèves, au lieu de prendre leurs jambes à leur cou, y reviennent, encore et encore. Car le chemin est long avant de devenir champion. « Un bon parachutiste, souri-t-il, est un vieux parachutiste. »

 

Marie Coreixas

marie.coreixas@centrefrance.com

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